En septembre dernier, après l’évacuation du campement insalubre de Nesle-le-Repons, une vingtaine de vendangeurs africains étaient hébergés à l’Armée du Salut à Reims. © photo Stéphanie Jayet

Dans cet article du journal l’union, paru le 29 juin 2024, le journaliste Thomas Crouzet informe les lecteurs qu’en mars 2025, trois individus seront jugés pour traite d’êtres humains en Champagne. 

Il rappelle qu’en septembre 2023, un contrôle des services de la DREETS et de la MSA avait révélé que des vendangeurs africains, en situation irrégulière, vivaient dans des conditions insalubres à Nesle-le-Repons. Il précise que les travailleurs étaient mal nourris, dormaient à même le sol et utilisaient des installations sanitaires non conformes.

Il révèle également qu’une enquête diligentée par le parquet de Châlons-en-Champagne avait identifié 57 victimes. Le journaliste annonce que le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne traitera plusieurs infractions, dont la traite d’êtres humains et le travail dissimulé et qu’une petite exploitation viticole locale sera également jugée pour avoir employé ces travailleurs.

Cette annonce servira t’elle d’avertissement sans frais pour certaines exploitations viticoles donneuses d’ordres, ainsi que pour certaines sociétés de prestations de services peu scrupuleuses sur l’emploi, les conditions de travail, l’hébergement et le niveau de rémunération des saisonniers lors des prochaines vendanges ?

Cette annonce les incitera-t’elle à consulter toutes les dispositions préconisées par le plan d’actions “ensemble pour les vendanges en Champagne” présenté récemment par le Comité champagne afin d’éviter tout nouveau scandale lors de la campagne 2024 ?

L’histoire ne le dit pas encore, mais permettez-nous d’en douter… Alors rendez-vous aux prochaines vendanges !

L’Intersyndicat CGT du champagne


Lire l’article de l’Union ci-dessous

REGION

MARNE

THOMAS CROUZET 29/06/2024

Une vingtaine de vendangeurs africains étaient hébergés à l’Armée du Salut à Reims, en septembre dernier, après l’évacuation du campement insalubre de Nesle-le-Repons.Stéphanie Jayet

L’ESSENTIEL
 
LE 15 SEPTEMBRE 2023, à Nesle-le-Repons près d’Epernay, plus de cinquante vendangeurs sont trouvés logés dans des conditions indignes, sans papiers ni contrats de travail.
 
LE PARQUET DE CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE ouvrait une enquête pour traite d’êtres humains, dirigée par la brigade de recherches d’Épernay.
 
LE 26 MARS 2025, une société de prestation, sa gérante et deux hommes sont convoqués au tribunal correctionnel pour répondre des faits de traite d’êtres humains.

Une société de prestation de services, sa gérante et deux hommes devront répondre des faits de traite d’êtres humains commis en Champagne lors de la vendange 2023.

Le 15 septembre 2023, en marge des vendanges, l’inspection du travail de Châlons-en-Champagne décidait, à la suite d’un signalement par des riverains, de procéder à un contrôle sur un site d’hébergement de vendangeurs utilisé par une société de prestation viticole à Nesle-le-Repons. Les inspecteurs sollicitaient le concours des militaires de la gendarmerie. Lors du contrôle, les inspecteurs découvraient la présence d’une cinquantaine de travailleurs étrangers, la plupart en situation irrégulière, hébergés dans des conditions indignes (matelas au sol, douches de fortune avec très peu d’eau chaude, installation électrique défectueuse). « Pour venir en Champagne, nous avons dû payer 10 euros pour monter dans le bus, puis nous avons dû nous nourrir par nos propres moyens, témoignait Mamadou Doumbia, l’un des vendangeurs. On nous avait promis 60 euros par jour et de la nourriture, mais les sandwichs et le riz qu’on nous donnait étaient avariés. Nous dormions à même le sol et l’eau était froide. Certains se prenaient même des décharges électriques sous la douche, à cause de raccordements mal faits. »
 

PLUSIEURS MOIS D’ENQUÊTE ET DE MULTIPLES INVESTIGATIONS

Le préfet de la Marne prenait ainsi un arrêté d’insalubrité et les services de l’État, en lien avec le service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) et l’association d’aide aux victimes Le Mars se mobilisaient pour assurer le relogement des vendangeurs. Le parquet de Châlons-en-Champagne, de son côté, ouvrait une enquête du chef de traite d’êtres humains et en confiait la direction à la brigade de recherches d’Épernay, avec en co-saisine l’office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI).
 
À l’issue de plusieurs mois d’enquête et de multiples investigations, 57 victimes ont été identifiées, confirme le parquet de Châlons-en-Champagne. L’immeuble ayant hébergé les travailleurs a été saisi et les mis en cause ont été entendus sous le régime de la garde à vue.

Matelas au sol, douches de fortune avec très peu d’eau chaude, installation électrique défectueuse

Le parquet de Châlons-en-Champagne a décidé de convoquer la société de prestation de services et sa gérante devant le tribunal correctionnel le 26 mars 2025 pour répondre de cinq infractions : traite d’êtres humains, conditions d’hébergement indignes, travail dissimulé, emploi de salariés sans titre de travail, rétribution inexistante ou insuffisante. En outre, deux hommes mis en cause dans le dossier pour avoir concouru au recrutement des vendangeurs sont renvoyés devant le tribunal pour traite d’êtres humains.

Enfin, une société viticole du département de la Marne est également traduite devant le tribunal correctionnel pour recours par personne morale aux services d’une personne exerçant un travail dissimulé à l’égard de plusieurs personnes. La procureure de Châlons-en-Champagne, Annick Brown, confirme qu’il ne s’agit pas d’une grande maison de champagne mais d’une petite exploitation.

Des faits similaires à Mourmelon-le-Petit

Le 8 septembre dernier, un immeuble situé à Mourmelon-le-Petit, à côté de Châlons-en-Champagne, était lui aussi évacué pour cause d’insalubrité et de dangerosité du bâtiment. À l’intérieur, plus d’une centaine de lits de camp étaient disposés dans les différentes pièces de l’immeuble, sur lesquels reposaient des travailleurs saisonniers ukrainiens. Là aussi, une enquête pour traite d’êtres humains a été ouverte par le parquet de Châlons-en-Champagne. Confiée cette fois à la brigade de recherches de Châlons-en-Champagne, cette enquête est toujours en cours.