Scène de vendange 2024 lors de la caravane organisée par la CGT Champagne pour aller au conctact des saisonniers. © CGT Chamapgne

Dans la continuité de plusieurs articles de presse sur le même thème, c’est au tour de The Guardian de dénoncer dans la presse anglophone les scandales éclatés lors des vendanges 2023 et 2024 en Champagne

Révélé par l’hebdomadaire d’actualité numérique « Courrier international », le quotidien britannique The Guardian a publié le 15 décembre 2024, une enquête approfondie dévoilant les conditions de travail difficiles dans les vignobles de Champagne. Les révélations se fondent notamment sur des témoignages recueillis par la CGT Champagne, véritable fer de lance de la défense des droits des vendangeurs saisonniers. Ces travailleurs, souvent invisibilisés, dénoncent des abus récurrents qui entachent la réputation de cette industrie emblématique.

Des abus alarmants révélés par la CGT Champagne

Dans son enquête, The Guardian s’appuie largement sur les signalements et les enquêtes menées par la CGT Champagne. Selon le syndicat, de nombreux travailleurs subissent des salaires en dessous du minimum légal (certains n’ont jamais reçu de salaire), des conditions de logement indignes, parfois l’absence de nourriture et un manque criant de protection sociale. Des saisonniers, parfois venus de l’étranger, rapportent avoir été entassés dans des dortoirs insalubres, sans eau courante ni électricité.

La CGT Champagne a également recueilli des témoignages décrivant des journées de travail harassantes, allant bien au-delà des horaires légaux, sans repos hebdomadaire. Elle pointe une « exploitation systémique » dans certaines exploitations, où les pressions économiques et la quête de profits à tout prix semblent primer sur la dignité humaine.

Une réponse insuffisante des institutions

Le Comité Champagne, face à ces critiques, a formulé des recommandations. Parmi celles-ci, il est conseillé aux vendangeurs de boire de l’eau plutôt que du vin, de mettre des chapeaux et de la crème solaire pour prévenir les coups de chaleur pendant les vendanges. Si ces mesures visent à réduire les risques sanitaires, elles sont jugées insuffisantes, voir dérisoires par la CGT Champagne, qui réclame des réformes structurelles pour garantir des conditions de travail dignes et sûres.

La CGT Champagne déplore également l’inaction des autorités locales, qu’elle accuse de fermer les yeux sur ces abus. « Nous avons signalé ces pratiques à plusieurs reprises, mais les réponses tardent, laissant les travailleurs dans une situation intenable », déclare un porte-parole du syndicat.

Controverse autour du décret de juillet 2024

La publication d’un décret le 10 juillet 2024, autorisant la suppression du repos hebdomadaire dans certaines activités agricoles, a exacerbé les tensions. Ce texte permet aux exploitants de demander à leurs vendangeurs de travailler jusqu’à quatorze jours consécutifs, une mesure vivement critiquée par la CGT Champagne.

Le syndicat qualifie cette décision de « retour au XIXe siècle », estimant qu’elle accroît la vulnérabilité des travailleurs et favorise les abus. « Ce décret qualifié de « décret de la mort » par le député LFI, Anthony Smith, est une régression sociale majeure. Nous demandons son « abrogation immédiate et un dialogue sérieux sur les droits des saisonniers », affirme la CGT Champagne.

Mobilisation et appels à l’action

Face à ces scandales, la CGT Champagne intensifie ses efforts pour attirer l’attention sur ces problèmes. Le syndicat organise régulièrement des réunions, des campagnes de sensibilisation et des actions médiatiques, comme la « caravane des vendanges » pour pousser les autorités et les exploitants à agir.

Elle appelle également les consommateurs à se montrer vigilants. « Le champagne est un produit de luxe. Il est inadmissible que ceux qui le produisent soient traités comme une main-d’œuvre jetable. Les consommateurs ont un rôle à jouer pour exiger des pratiques éthiques », souligne la CGT Champagne.

Une industrie du luxe face à un tournant

Bien que le Comité Champagne, organisme interprofessionnel, ait exprimé son indignation dans une déclaration au Guardian, se disant « choqué » par ces révélations et promettant une politique de « tolérance zéro » envers de telles pratiques, la CGT Champagne insiste sur l’urgence d’actions concrètes. Le syndicat appelle à des réformes immédiates, telles que la mise en place de contrôles renforcés, l’amélioration des conditions de logement pour les travailleurs et le respect strict de leurs droits fondamentaux, sanctionnés par la perte de l’appellation Champagne pour les donneurs-d’ordre ne respectant pas leur droit de vigilance vis-à-vis des conditions d’exploitation des saisonniers.

Pour la CGT Champagne, préserver la réputation et la pérennité de cette industrie emblématique passe impérativement par des sanctions fermes envers tous les contrevenants, qu’ils soient employeurs directs, donneurs d’ordres des grandes maisons de champagne ou des exploitants viticoles, sans oublier les  véritable reconnaissance du travail des saisonniers, dont le rôle est essentiel au succès des vendanges.

La CGT Champagne tient également à remercier chaleureusement le Guardian pour avoir mis en lumière ces abus dans la presse internationale, contribuant ainsi à sensibiliser le public et à soutenir la lutte pour des conditions de travail plus dignes dans la région.

Sources :

Courrier international : https://www.courrierinternational.com/

The Guardian : https://www.theguardian.com/us