Vignoble Veuve Clicquot en Champagne. © Photo : La revue des vins de France.

Le syndicat CGT du vignoble Vve Clicquot-Krug vient de diffuser un tract pour attirer l’attention des salariés de Veuve Clicquot Ponsardin (VCP) sur la baisse alarmante des rendements viticoles, qui ont chuté à 5 000 kg/hectare, bien en deçà de l’objectif initial de 10 000 kg/hectare fixé pour 2024 par le Comité Champagne.

Il critique la direction pour son manque d’anticipation, notamment en raison de la réduction des heures de travail à la vigne et de la mauvaise gestion des vignes semi-larges. Pour justifier ces résultats, l’entreprise invoquent des mesures de protection des employés contre les produits toxiques.

Bien que d’accord sur l’importance de ne pas utiliser de CMR, car la santé des salariés ne doit pas être mise en danger, le syndicat trouve qu’il est absurde de devoir mener des grèves pour garantir la protection de travailleurs contre les risques des produits toxiques, et/ou d’autres risques professionnels et souligne que cela ne devrait sacrifier ni la production ni leurs conditions de travail.

Le tract appelle à une réorganisation du travail, avec une hausse des heures productives et un renforcement des effectifs pour atteindre les objectifs de production, tout en garantissant la sécurité des travailleurs. Les élus CGT dénoncent aussi l’épuisement de la réserve individuelle de raisins (RI), ce qui compromet la production future et menace l’emploi. Enfin, ils demandent que LVMH, propriétaire de VCP, revoie sa stratégie pour préserver l’excellence champenoise.

En info de dernière minute, les élus demandent s’il faut s’inquiéter de la reprise en main de la filière Moët Hennessy par Bernard Arnault, visant à corriger les « dérives » de la branche MHCS, car les termes  » fermement  » et  » coup d’arrêt aux dérives » peuvent laisser penser la mise en place d’une gestion plus rigide, voire à une restructuration qui pourrait impliquer des ajustements drastiques, des réductions de coûts ou des suppressions de postes à très court terme. (Source La lettre)

L’Intersyndicat CGT du Champagne

Télécharger le tract : MESSAGE A  TOUS LES SALARIES !

Lire le tract ci-dessous :

MESSAGE À TOUS LES SALARIÉS !

RENDEMENT EN DANGER : 5 000 kg/hectare très loin de l’objectif champenois de 10 000 kg/ha !

L’interprofession du champagne, s’est accordée en 2024 sur un rendement de 10 000 kg/hectare. Notre Directrice du Vignoble VCP a annoncé une prévision de 9 500 kg/hectare en réunion de CSE en date du 23 juillet 2024, puis lors du CSE du 5 septembre 2024, la direction annonce une fourchette de rendement entre 5500 kg/hectares à 7 000 kg/hectares. Mais le rendement sera finalement d’à peine 5 000 kg/hectare, rendement que la direction n’assume pas. Pour se justifier, elle met en avant une décision : ne pas utiliser de produits CMR (Cancérigènes, Mutagènes, Reprotoxiques) pour « protéger » ses salariés.                                             

La Direction, insiste sur le fait que la protection des salariés est un sujet primordial. Nous partageons évidemment cette volonté de protection, alors pourquoi avons-nous dû nous battre de nombreuses années pour obtenir des accords qui protègent les salariés des risques du métier ?

Nous sommes donc tous d’accord sur l’importance de ne pas utiliser de CMR, car notre santé ne doit pas être mise en danger. Mais il est absurde que nous devions encore mener des grèves pour garantir des protections basiques de travailleurs contre les risques des produits toxiques, ou plus généralement d’autres risques professionnels.

Et que dire de la devise de VCP ? « Une seule qualité, la toute première ». Mais où est-elle passée aujourd’hui ? Si la qualité est vraiment la priorité, pourquoi sacrifier les rendements et les conditions de travail au profit des bénéfices ?                               

La vérité est simple                                                                          

Le groupe LVMH exige, toujours plus de redevances et de dividendes. Pour y parvenir, la solution est simple, voire simpliste :

D’une part, les heures de travail à l’hectare ont diminué ces 30 dernières années et d’autre part, la consommation des produits phytopharmaceutiques a diminué également. Diminuer le soin apporté à la vigne de tous les côtés aboutit automatiquement à des rendements qui sont largement insuffisants pour assurer la pérennité à court terme de l’entreprise.

Même si cela implique de compromettre la santé des vignes et le bien-être des salariés.

La solution : l’augmentation du temps de travail manuel de la vigne suite à l’abandon des désherbants, sera compensée par une augmentation de la production de notre vignoble.                                                                                                                                                                                                                                

le vrai problème est plus vaste :

  • Le manque de personnel ;
  • Les vignes semi-larges, qui annoncent une réduction de 30 % d’un rendement déjà ridicule.
  • Une mauvaise organisation du travail, qui néglige la qualité et les conditions de travail et met en péril le patrimoine viticole de l’entreprise pour maximiser les profits des actionnaires.

Avec ces méthodes, comment ferons-nous demain pour maintenir les 30 millions de bouteilles que la maison VCP souhaite produire dans quelques années ? Si des années comme 2024 se reproduisent, avec leurs défis climatiques et organisationnels, nous n’atteindrons plus jamais ces objectifs.                          

Comment compenserons-nous ce manque de raisin ?      

Le rendement actuel, à peine 5000 kg/hectare (au moment où les viticulteurs conduisent normalement leurs parcelles de vigne vont se situer aux alentours de 8 000kg/hectare) cette situation met en péril notre capacité à remplir les objectifs de production.

Si la situation persiste, nous allons devoir puiser dans la réserve individuelle (RI) de la maison MHCS pour combler ce manque. Or, nous savons tous que la situation des réserves individuelle (RI) est catastrophique. Comme les mêmes erreurs se reproduisent d’année en année, les stocks de MHCS sont aux plus bas, tandis que beaucoup de viticulteurs sont au plus hauts, preuve qu’il s’agit d’un problème de gouvernance et pas uniquement d’une fatalité. Il faut donc craindre que la direction n’ait pas pris les mesures nécessaires pour anticiper cette crise. Si la réserve est insuffisante pour compenser, comment allons-nous faire pour maintenir la production dans les années à venir ? Comment allons-nous faire ensuite pour maintenir les emplois ?…     

Les conséquences actuelles sont alarmantes :

  • Une perte de rendement chaque année ;
  • Des récoltes en chute libre chaque année, très loin des objectifs de l’appellation champagne ;
  • Moins d’heures travaillées/hectare, ce qui limite notre capacité à prendre correctement soin des vignes ;
  • Personnel insuffisant, incapable de compenser les faiblesses de l’organisation actuelle et les mutations sanitaires et écologiques devenues nécessaires.

Il est urgent que la direction et le groupe LVMH revoie l’organisation et mette en place des méthodes de travail adaptées aux vignobles d’aujourd’hui à l’image de ce que réalise le groupe dans l’ensemble des vignobles qui contrôle et exploite plusieurs domaines Français.

IL EST TEMPS D’AGIR !

➡️ Revoir à la hausse les heures productives pour nous permettre d’assurer un travail de qualité efficace répondant aux normes de production champenoise.

➡️ Recruter du personnel pour atteindre les objectifs de production tout en respectant les règles de sécurité.

➡️ Mettre en place de nouvelles méthodes de conduite du vignoble, adaptée aux défis actuels, (normes et climat) afin de pérenniser nos vignobles champenois.

➡️  Revoir la gestion des vignes semi-larges pour éviter la baisse de rendement prévue (- 30 %), au  risque de mettre en péril l’avenir du vignoble Veuve Clicquot.

➡️ Renforcer notre réserve individuelle « sans avoir besoin des surcroits de production de nos  partenaires ».

Si la Direction et le groupe LVMH veut vraiment protéger ses salariés et prendre soin de son patrimoine viticole classé en parti par l’UNESCO, elle doit s’engager pleinement à améliorer nos conditions de travail et s’assurer d’améliorer les rendements pour atteindre les normes de l’appellation Champagne.

Dernière minute :

BERNARD ARNAULT reprend fermement en main la filière MOET Hennessy, mettant un coup d’arrêt aux dérives observées au sein de la branche MHCS, avec pour objectif de recentrer l’activité sur l’excellence et la croissance durable. Devons-nous nous inquiétez ? (Source LETTRE A)

                                                                                                                                      Reims, le 06 septembre 2024 La CGT

« Ne pas jeter sur la voie publique »